29/03/2018
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Hammad Kabbadj
Nous nous devons dans notre société d’éviter la surenchère pour prouver qui de nous défend davantage le droit des femmes, et cela afin de consolider les acquis, de réaliser des avancements dans ce domaine et de combler les déséquilibres existants.
Dans le cadre du consensus sur ce point, nous devrions nous poser la question suivante: Le changement des dispositions du système de l’héritage sera-t-il dans l’intérêt des femmes?
La réponse à cette question requiert d’abord de répondre à une question initiale –un prérequis-, nous permettant de comprendre le sujet de manière plus précise, afin d’établir un meilleur diagnostic du mal qui existe, et que nous nous approchions davantage de la juste chose, au sujet de laquelle nous avons divergé :
Le sujet de l’héritage est-il indépendant des autres sujets liés aux droits financiers des femmes?
Afin de répondre à cette question nous disons :
Les droits financiers des femmes dans la législation islamique peuvent être regroupés en 5 catégories :
Ces cinq droits ne peuvent être dissociés et constituent unsystème intégré où tous les éléments (droits et responsabilités) sont liés et interdépendants. Ces éléments peuvent être considérés comme une véritable révolution législative dans le domaine des droits des femmes, et un appel à la préservation et au développement de leur dignité. Une dignité qui futbafouée dans les diverses législations établies par les Hommes et où certains des droits de la femme y ont été reconnus plusieurs centaines d’annéesaprès que la législation divine en la matière n’ai été révélée. Par exemple, le code civil français –l’une des législations les plus avancées au début du 20ieme siècle- imposait jusqu’en 1938, des conditions extrêmement contraignantes pour le droit des femmes à la propriété. Il ne leur accordait pas le droit à l’héritage et les notions de droit à la prise en charge financière ou à la dot n’y avaient pas de place. Quant aux lois relatives au droit au travail, elles sont d’une réelle injustice et perpétuent un abus des femmes; chose qui est courante dans les pays occidentaux à l’époque. Ce fut la cause directe de l’enclenchement d’un mouvement mondial de femmes revendiquant plus de droits pour les travailleuses et l’égalité des droits en la matière.
Pendant ce tempsla jurisprudence divine avait des siècles d’avance, et la jurisprudence islamique avait mûrie bien des dispositions, qui constituent une véritable richesse juridique donnant à la femme un statut des plus élevés. Cela se reflète par la beauté et la singularité de cette « architecture » divine des droits des femmes, prenant en compte tous les aspects interdépendants et par l’incapacité des Hommes à produire un modelé semblable à celui-ci.
Lorsque les sociétés islamiques commencèrent leur décadence vers l’ignorance et l’arriération, la laideur de cette réalité fit de l’ombre à la beauté de la législation divine. Les femmes entrèrent alorsdans un cycle d’injustice et d’oppression qui fut maintenu et approfondi par l’ignorance croissante des lois et prescriptions d’Allah, le manque de conscience, la tyrannie croissante des hommes et leurs agressions contre les femmes et enfin le renforcement de l’autoritarisme politique.
Par conséquent, je crois fermement que la résolution de cette question ne peut se faire uniquement par des amendements juridiques. Cela dépend avant tout de la capacité à entreprendre des réformes politiques, du traitement de la question de l’éducation et de mettre en lumière les législations divines existantes qui ont étés dénigrées et injustement utilisées, afin que celles-ci puissent de nouveau éclairer cette sombre réalité que nous vivons et dont la femme est l’une des principales victimes.
Oui, il est impossible aujourd’hui d’atteindre un niveau avancé en matière de droits des femmes avec la persistance des facteurs et des manifestations de corruption politique et avec la crise grandissante du système éducatif; un système qui produit des êtres humains ne respectantnul droit et ne préservant nulle dignité. La réalité nous montre bien que les lois ne peuvent être ni un rempart ni une dissuasion effective contre ces pratiques qui violent toutes sortes de droits.
Cette corruption du système d’éducation est l’une des causes les plus importantesde la souffrance des femmes et de la perte de leurs droits. Prenons l’exemple du droit à la prise en charge financière de la femme dans le cadre du mariage : ce droit n’est pas un cadeau que fait l’homme à sa femme, et pas non plus une charité de sa part –comme peuvent le penser certains couples qui agissent en conséquence. C’est une rétribution logique et méritée pour son travail et sa responsabilité particulière au sein du foyer dans l’éducation et la prise en charge des enfants, et son rôle dans la formation des futures générationsvertueuses qui participeront au développement de la nation.
En parallèle à cela –et bien que la logique et la raison ne peuvent que confirmer l’importance de ce rôle (d’éducatrice et de formatrice au sein du foyer)- nous soulignons que cela neviole pas le droit des femmes de travailler et de participer activement à toutes les sphères de la société, y compris le domaine politique et la gestion des affaires publiques.
Les femmes ont pleinement droit à cela, mais elles sont appelées, parallèlement à cela, à avoir une approche équilibrée afin de définir leurs priorités. Ce jugement équilibré est susceptible, dans la plupart des cas, de donner la priorité au besoin de la femme en tant qu’épouse etmèreaffectueuse, connaisseuse des besoins et méthodes d’éducation et conscientes des objectifs de réforme à atteindre à travers la formation des nouvelles générations. Par l’impact direct et généralisé qu’il produit, le besoin de la société pour ce type de femme est bien plus important que celui d’une ministre qui gèrerait les ressources hydriques du pays, ou une ingénieure développant les domaines de l’information, de l’informatique, de l’agronomie, etc.
Tout en respectant tous ces métiers, et un insistant sur le fait que la femme à tout à fait le droit de les pratiquer, il reste que leur importance est relativement moindre comparée à la responsabilité de formation des future ressources humaines et le développement du capital humain de la nation. Afin de conforter cette conviction, nous pouvons citer l’exemple des pays occidentaux ayant les lois sociales les plus avancées, ou une pension est versée pour les femmes au foyer, qui font le choix de s’occuper de cette priorité.
Dans ce contexte, nous pouvons nous demander :
Est-il raisonnable d’affirmer que la femme doit être parfaitement égale à l’homme dans son droit à travailler à l’extérieur de la maison, avec ce que cela implique comme abrogation de son droit à la prise en charge financière?
Cela serait une conséquence normale, car l’égalité parfaite en termes de droit au travail engendrerait mécaniquement un déficit d’opportunités de travail pour les hommes et une augmentation sensible du niveau de chômage parmi eux. Il n’est donc pas juste de limiter une opportunité de travail pour un homme et la donner à sa femme, tout en continuant de lui imposer la prise en charge financière de sa femme.
Changer les prescriptions relative à l’héritage afin de réaliser une égalité parfaite entre les hommes et les femmes, requiert d’exempter les hommes -pères et maris- de ce qu’on appelle le droit de la femme à la prise en charge financière. Les avantages qui pourraient être octroyés à la femme par le changement des prescriptions relatives à l’héritage seraient bien inférieurs aux avantages qu’elle possède par le droit à la prise en charge financière.
Il apparaît qu’une telle modification de la structure divine intégrée des droits financiers est finalement nuisible aux femmes et ne se ferait pas à leur profit. En faisant cela, nous l’aurions privée de son droit à la prise en charge et l’aurions forcée à travailler en dehors de son foyer et à concurrencer les hommes dans tous les métiers en emplois disponibles.
Si nous faisons cela, quel sera le sort de la famille?
Il ne fait aucun doute que la destinée de la famille ne sera que plus de ravages, de destruction et de désintégration. Nul doute aussi que cette destruction et désintégration de la cellule familiale serait encore plus important que dans les sociétés occidentales : ces pays ont pu réduire les impacts négatifs de ce phénomène par des reformes politiques ayant permis à l’état de garantir des droit financiers et de résoudre certains des problèmes liés à la dissolution des structures familiales.
Par exemple, lorsque les droits moraux de la mère ont été abrogés, ces pays ont au moins tenté d’alléger ce malheur par une sorte de compensation matérielle et par lacréation d’un système de soins pour personnes âgées et un réseau de maison de retraites.
Pour ce qui est de notre monde arabe, les réformes politiques sont défaillantes pour ne pas dire inexistantes, le système éducatif est dans un état comateux, alors que la famille lutte seulement pour exister. Allons-nous ajouter à tout cela de nouveaux facteurs de destruction et de démantèlement de notre système familial?
Et si de nombreuses femmes sont forcées de délaisser leurs responsabilités quant à l’éducation deleursenfants, afin de travailler et de subvenir aux besoins de leur famille; cela est directement imputable aux politiques menées dans nos pays. Il est de la responsabilité du pouvoir politique de créer un équilibre afin d’obtenir une véritable cohérence entre tous ces droits et devoirs, tels que : « la sécurité de la famille », « le droit de l’épouse à la prise en charge financière », « La responsabilité de l’état dans le versement de prestations aux nécessiteux », « le droit de la femme au travail », etc.
Il n’est pas logique que les décideurs politiques délaissent leurs responsabilités dans ce domaine, et que tous ces problèmes soient imputés à notre système de succession qui comble déjà d’importantes lacunesà travers un système financier et social cohérent et intégré.
Si nous abordons le problème avec assez de conscience et d’équité, nous verrons que notre intérêt commun –hommes et femmes- se réalisera par la restauration des aspects essentiels qui ont étés perdus dansnos structures familiales, et par la capacité à reproduire un modèle de famille basé sur la conscience et des méthodes d’éducation matureset efficaces. Un modèle dans lequel la tyrannie l’autoritarisme masculin n’ont pas de place et où les deux sexes assument conjointement leur responsabilités et bénéficientde leurs droits de manière équitable. Un modèle qui par sa nature permet davantage de compassion, d’affection et de sérénité, et se présente comme une alternative heureuse à l’atmosphère de conflit et d’hostilité qui a graduellement envahi et transformé les familles.
Œuvrons donc à corriger cette malheureuse réalité, faisons chacun d’entre nous notre part dans la réforme, et laissons le système d’héritage tel qu’il est; car il est complet et remplit son rôle au sein d’une structure législative juste et remarquable. Et comment pourrait-elle être autrement alors qu’elle est une révélation d’un Sage Digne de louanges, gloire à Lui : {Ne connaît-Il pas ce qu’Il a créé alors que c’est Lui le Compatissant, le Parfaitement Connaisseur} [Al-Mulk 14].
traduit par: N. R.
وسوم :heritage
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