7/08/2015
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A l’issue de la saisine du dossier de l’éducation par la commission présidée par Azziman (conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique), un rapport assez intéressant a été rendu. Ce dernier devrait constituer la pierre angulaire des prochains programmes d’action. Voyons en détail ce qu’il en ressort.
Avant tout, il faut noter que le rapport relève à juste titre l’inefficience des acteurs pédagogiques, les déperditions… Pour commencer l’analyse, il se demande si la vision était juste lors des précédents diagnostics, si les moyens étaient suffisants ou encore si le modèle pédagogique était adéquat, de même pour le système d’évaluation et de gouvernance. Il faut être cohérent, nous sommes dans le domaine des sciences humaines, des interactions sociales, et d’emblée il serait simpliste d’envisager qu’une seule cause est à l’origine des différents échecs accumulés. Le rapport fait donc preuve de cohérence à ce niveau en consacrant à chaque cause probable une analyse importante.
Il commence donc par proposer une vision, centrée sur une société du savoir, de la science, de l’innovation, la nécessité de considérer la formation comme un levier du développement humain, l’importance des principes et valeurs, l’identité marocaine traditionnelle et culturelle, et enfin les constantes culturelles liées à la monarchie… dans l’ordre inverse à celui que je viens d’énoncer… Le rapport n’hésite pas à recommander d’opérer des ruptures si nécessaire et d’intégrer plus amplement l’approche participative et contractuelle.
L’objectif affiché est que l’école passe d’une pédagogie fondée sur la transmission de la connaissance à une pédagogie fondée sur l’intelligence, l’initiative et l’autonomie, la perspicacité face aux outils numériques, la construction du savoir appris par l’apprenant (ce mot me pose problème en soi, car en réalité, on ne veut plus d’apprenant, on veut un découvrant) l’interaction créative, le développement de compétences liées au savoir être et au savoir faire telles que l’observation critique (ô combien centrale de nos jours), l’expression, la recherche et la synthèse.
Chapitre I : L’Equité
Dans le premier des quatre chapitres, c’est l’équité qui est passée en revue.
La première mesure qui attire l’attention à ce niveau est l’entrée du soutien scolaire dans l’enceinte des écoles, comme une obligation de l’école vis-à-vis des enfants les plus faibles. Une vision quantitative de l’enseignement qui est appelée à ne pas s’éterniser dans le temps, comme cela s’est produit en France, et qui devient de plus en plus de l’école après l’école, étouffant un peu plus l’étudiant. Si des élèves sont faibles, c’est que les structures et lesmodèles dans lesquels ils sont insérés ne conviennent pas. Il faut dès lors soit le réorienter vers des structures plus convenables, soit réformer les structures et les modèles… Ce qui ne manque pas d’être évoqué dans le rapport.
Le second point qui reviendra tout au long du rapport est l’obligation et la généralisation de l’enseignement préscolaire, soit l’intégration de près de 500 000 enfants en plus dans les structures de l’école, selon l’UNICEF. Je n’ai aucun commentaire si ce n’est : levons les yeux un peu plus au Nord, l’enseignement préscolaire est formellement interdit dans certains pays scandinaves. Et pour cause, l’enfant à cet âge a énormément besoin de sa famille et de la socialisation familiale, cause qui vient se greffer à de nombreuses autres causes qui ont poussé à ce choix. Cependant, si cette réforme est néanmoins appelée à être mise en pratique, les mêmes problématiques du primaire se poseront au préscolaire. La tentation du préscolaire est forte, nos technocrates ne pensent-ils pas « Gagnons un peu de temps en commençant la formation dès 4 ans au lieu de 6 ans, peut être que ces enfant seront un peu mieux lire et écrire une fois arrivés à l’âge de 10 ans… », le carcan quantitatif n’est jamais très loin. Mais mesdames et messieurs, est-ce réellement une question de temps, de quantité ? L’école de 2030 et la société de 2030 seront-elles encore à ce point centrées sur l’information et la connaissance ? Cette question est radicale, et elle ne trouve de réponse à aucun moment dans ce rapport. Attention donc à ne pas faire du préscolaire de la préparation pour le primaire, un peu plus d’école avant l’école, après avoir faire du soutien scolaire un peu plus d’école après l’école… Il faut simplement un peu mieux d’école !
Après, le rapport ne manque pas de souligner l’importance d’intégrer un peu plus les travaux manuels, de créativité, d’innovation et d’art, en vue de détecter les vocations professionnelles de manière précoce. C’est un point très intéressant, mais que suggèrent-ils spécialement par l’art, un concept très vaste ? La musique, le cinéma et la peinture, ou plutôt la littérature, la culture et le théâtre ? En feuilletant le rapport de manière plus rapprochée, on se rend compte que c’est un peu tout cela qui est voulu.
آش خصك العريان، الموسيقى آ مولاي
Par ailleurs, le rapport revient souvent sur l’importance du numérique. Il parle des technologies éducatives comme une voie de prédilection, mais il faudrait tempérer cet élan du tout technologique. En effet, la société d’aujourd’hui s’oriente vers l’intégration de la technologie à tous les niveaux de la vie publique et privée. Mais ce qu’oublient les auteurs du rapport c’est que le corollaire de cet élan est la dislocation du lien social, de la communication interpersonnelle et de la capacité des jeunes à sociabiliser, dans le monde réel. Tout le monde étant absorbé par la technologie, les rapports humains se perdent, et avec eux un ensemble de valeurs dont la patience, la capacité à l’écoute, le recul… Ces valeurs sont peu véhiculées par les NTIC, et nécessitent une éducation active afin de ne pas êtres marginalisée. Cela me rappelle un entretien très approfondi que j’ai eu avec un américain directeur d’une crèche, à Séoul, autour de l’absence d’outils technologiques que j’ai remarqué dans leur crèche, lors de ma visite. Cet expert des sciences de l’éducation, avec 32 ans de métier, n’a pas manqué de souligner que « de toutes les manières, l’enfant apprendra à manipuler les outils high-tech, car ils l’entourent de plus en plus, où qu’il aille. Ce qu’il n’apprendra pas forcément, c’est la communication humaine et les rapports sociaux. ». L’argument était construit sur un vécu de grande valeur, et des connaissances théoriques très documentées, ce que j’ai constaté lorsque j’ai poursuivi la rencontre avec lui. Soulignons que la question du e-learning peut résoudre pas mal de problèmes dans le monde rural, encore faut-il disposer de l’équipement adéquat !
Quand on parle de qualité, le prix n’est jamais très loin, et le rapport nous le rappelle bien ! Il recommande donc d’introduire des frais d’inscription, de scolarité, de restauration scolaire, de transport scolaire et d’assurance, fin de citation. Très en phase avec le titre du chapitre, l’équité… Pour un droit constitutionnel, il va devenir très cher payé…gageons que ce droit à l’éducation n’ait pas été malencontreusement posé dans la constitution à coté du droit au logement décent, un droit dont on se demande à quelle date il commencera à être effectif… C’est quoi un droit au fait… ? On ne s’en fait sûrement pas la même définition, à coup sur !
Ah, le rapport ne manque pas de parler du farfelu secteur des cours de soutien, qu’il recommande de réglementer. Une très bonne chose pour le secteur, rempli de business man et de charlatans qui arrivent bien souvent à êtres les deux à la fois !
Chapitre II : La Qualité
La qualité emboite le pas dans le rapport à l’équité, dans un second très long chapitre. Le conseil commence par formuler la nécessité de mettre en place des indicateurs précis… histoire de savoir réellement ce qui se passe dans ce lourd ministère. Il faut donc améliorer dans un premier temps la performance des acteurs éducatifs. Ca serait bien qu’ils commencent déjà à mieux gagner leur vie que des agents immobiliers. Dans un pays que je ne citerais pas, l’instituteur est quatre fois mieux payé que le cadre, la reconnaissance de l’importance, ce ne sont pas que des paroles, mais des actes. L’amélioration de la situation matérielle est vaguement évoquée par le rapport. Ensuite, le rapport revient sur la nécessité de former de nouveau ces acteurs, un appel auquel on ne peut que se joindre. Mais comment et par qui ? On le sait, ces acteurs ont des formations très fréquentes, mais pour quel résultat… ?
Dans l’une de ses contradictions, qui ne sont pas rares, le rapport insiste sur la nécessité de poursuivre larégionalisation même dans l’éducation, notamment au niveau de la gestion des ressources humaines, avant de souligner quelques lignes plus tard, la nécessité de standardisation et d’harmonisation…
L’enseignement supérieur n’est pas en reste, et le rapport souligne bien la nécessité de mieux évaluer la production scientifique et d’admettre la mobilité des enseignants-chercheurs. Soulignons que l’évaluation doit ici aussi se faire au niveau de la qualité des publications et non de la quantité. Le mieux est de se référer aux benchmarks internationaux en la matière, ce que ne manque pas de relever le rapport, ainsi que le classement de Shanghai.
Toujours au niveau de la qualité, le rapport conseille d’insister sur le bac professionnel, d’associer l’entreprise à l’élaboration des formations et d’encourager les étudiants vers l’orientation vers les filières professionnelles. Cet encouragement global doit être détaillé, et appuyé par des études prospectives (aux abonnés absents dans ce rapport) qui renseignement sur les besoins sur les 15 prochaines années. Les généralités ne sont que très peu utiles. Il ne faut pas perdre de vue que l’industrialisation n’est qu’une étape, et que le Maroc « sous-traitant » ne doit pas être une finalité en soi. Cela doit être circonscrit dans le temps comme ce fut le cas pour les tigres asiatiques, avant de passer à l’étape de pouvoir produire sur place des services et produits à haute valeur ajoutée. Or cette philosophie ne se fait à aucun moment ressentir dans le rapport.
Au niveau du préscolaire, dont on a discuté la généralisation de l’obligation auparavant, le conseil recommande d’insister sur les matières d’éveil, point que nous avons également abordé, mais qui relève d’une grande importance. L’insistance sur l’établissement de liens entre l’enseignement théorique est pratique nous paraît perspicace, de même que l’insistance sur la communication orale. Notons également le point sur l’importance del’auto construction du savoir, l’encouragement à l’initiative et à l’innovation.
Pour asseoir cette qualité, il est recommandé de mettre en place un processus de veille pédagogique, une initiative louable qui permettra aux responsables d’êtres tenus au courant des meilleures tendances dans le monde au niveau de la pédagogie.
Parmi les autres contradictions que l’on relève, le souhait du conseil dans le point 78 d’alléger le programme…or on a vu que de nombreuses recommandations impliquent plus d’heures pour les enfants.
Le meilleur exemple est l’inutile généralisation de l’obligation de l’amazighe. Déjà que les enfants sont perdus avec 3 langues, leur ajouter une quatrième et l’Anglais comme cinquième langue ne fera que les perdre un peu plus. Cette langue devrait être optionnelle pour ceux qui désirent l’apprendre, cela ne fait aucun doute. Mais généraliser une langue dont l’utilité scientifique est douteuse ne fera qu’alourdir les missions des enfants, et qu’au détriment d’autres matières plus importantes comme les matières scientifiques. Il faut savoir ce que l’on veut, mais aussi ce que l’on peut. Le conseil veut souvent beaucoup de choses, mais les enfants, au final, n’ont que 8h par jour au maximum. L’optimisation sous-contrainte est donc très très loin d’être un point fort de ce rapport, aux cotés de l’absence de vision prospective. Voilà un chantier vain, que l’on regrettera surement en 2030, au prochain plan d’urgence, toute considération idéologico-nationaliste mise à part, car ici seuls l’aspect technique et l’efficacité nous importent. Par contre, la mise en place de l’anglais est une très bonne initiative dans la mesure où le contenu scientifique est à plus de 50% produit en anglais dans le monde et que les plus grands travaux sont inaccessibles en français.
Saluons le conseil de passer la part du PIB consacré à la recherche à 2% en 2030, une excellente initiative au regard de notre lourd retard dans ce domaine. Reste la question : quelle recherche ? Et qu’est-ce qui sera inclut dans la recherche et qu’est-ce qui en sera exclut ? On sait comment les manipulations administratives et financières sont douées à ce niveau pour appeler un chat un chien… Louons également les incitations fiscales demandées pour les entreprises dont les recherches ont des impacts positifs (à définir encore) sur la nation. Dans ce même cadre, la volonté de connecter les différents centres d’études doctorales et laboratoires du Maroc permettra surement d’éviter les doublons et donc d’améliorer l’efficacité des équipes de recherche. La recherche dans l’éducation est également évoquée, autre point positif.
Le rapport conseille également de se doter d’un système d’information avancé permettant d’évaluer et veiller à la qualité du système éducatif. Il était temps.
Dans le point 94, on peut lire que l’Etat assure une partie du financement, comme principe du secteur de l’éducation. Comprenez comme on l’a déjà évoque que l’Etat n’assurera plus tout le financement…bien qu’il souligne qu’il doit rester gratuit, ce qui est en contradiction directe avec la volonté d’introduire des frais d’inscription…comme déjà évoqué. Le supérieur aussi aura ses frais (point 95) pour ne faire aucun jaloux ! A l’instar du supérieur, il y a une volonté, mais non chiffrée cette fois, d’allouer plus de budget à l’éducation. Mais il faut du mieux, et pas simplement du plus. Parmi les nouvelles sources, l’Etat ira piocher chez les entreprises, ce qui est déjà largement fait à travers la taxe professionnelle.
Chapitre III: Promotion de l’individu et la société
D’emblée, le rapport souligne l’effort à faire pour faire comprendre aux enfants l’intérêt de leurs études, ce qui est souvent marginalisé. Il souligne l’importance du travail collectif dans cette optique.
Curieusement, le rapport souligne la nécessité de développer les filières de formation culturelle, comme si les débouchés dans ce domaine ne manquaient pas alors même qu’on sait à quel point l’offre dépasse grandement la demande en ressources humaines à ce niveau. Le domaine de la culture est un domaine qui se développe logiquement et naturellement, parallèlement au développement économique et social réel et nécessaire de la nation. Il ne faut donc pas mettre la charrue avant les bœufs, mais plutôt prioriser les choses et commencer par les éléments décisifs, qui ont déjà été discutés. On ne peut pas tout améliorer en même temps, au risque de verser dans l’utopie destructrice.
L’esprit critique est également à l’ordre du jour, saluons-le. Il est aussi relevé que l’école actuelle ne permet pas de lutter contre des comportements nuisibles tels que la tricherie (elle l’encourage ?) l’incivilité, la violence et le non respect de l’environnement et des biens publics.
Le rapport prône également l’égalité des genres. Nul besoin de souligner qu’il nous suffit de dire que la nature contredira éternellement cette volonté. Les hommes ne sont même pas égaux entre eux, ni les femmes entre elles… sic. Chaque genre a ses plus et ses moins. La question est donc à la base mal posée, ou mal qualifiée. Par contre, la lutte contre la discrimination aurait été une expression bien plus adéquate.
Par ailleurs, le conseil insiste sur la valorisation du volontariat et sa prise en compte désormais dans l’évaluation scolaire, ce qui est une bonne chose au vu de la déperdition de valeurs telles que la solidarité. Mais plus de détails concernant ce point auraient été les bienvenus.
Le conseil insiste aussi sur la nécessaire implication dans la pédagogie de la société civile, des associations professionnelles et des médias, ces derniers étant actuellement l’archétype de l’institution destructrice de valeurs et désintégrant et disloquant les restes de cette société et de son éducation.
Concernant le modèle pédagogique, le rapport insiste sur la nécessité d’apprendre aux enfants à apprendre et de développer chez eux l’esprit d’entrepreneuriat et d’innovation. Dans le même ordre d’idées et dans une volonté de promouvoir la méritocratie, il appelle à ré instituer les lycées d’excellence et à davantage récompenser les profils excellents, notamment à travers des bourses. Une fois dans le supérieur, les étudiants entrepreneurs devraient se voir mettre à disposition des structures les aidant à mener à terme leurs projets.
Chapitre IV : Un Leadership efficace
Le rapport évoque l’isolation de l’école de son entourage… le diagnostic est perspicace, et l’on a envie de dire : « Il faut commencer par les murs qui ressemblent à des murs de prison ! ». Une école fermée, cloitrée physiquement sera moins naturellement ouverte sur son environnement, social, économique et environnemental qu’une école avec des clôtures transparentes, ou, rêvons, sans aucune clôture comme le font certaines écoles au Danemark ! Pour êtres plus pratiques, il faut envisager la chose de manière progressive, mais le rapport ne parle à aucun moment de la clôture physique, et évoque seulement les éléments relatifs à l’ouverture institutionnelle.
Afin d’améliorer le modèle éducatif marocain, le rapport conseille d’associer les familles à la gestion des établissements. Soulignons que toutes les familles ne sont pas aptes à appréhender les défis à long terme de l’éducation, et que l’association des familles doit donc être sélective en fonction de leurs apports possibles au niveau de la réflexion. Le rapport recommande également les formations destinées aux parents, ce qui est primordial pour éviter les dissonances cognitives entre l’institution familiale et l’institution scolaire, sources de bien des maux.
Le rapport recommande comme première étape de mise en pratique de traduire ses propres recommandations en loi et en pacte national que tout le monde s’engage à honorer.
Conclusion:
Un document très intéressant. Il est très rigoureux, détaillé, et touche là où ça fait mal. Le diagnostic est excellent. Parmi les principales recommandations appréciables on notera la volonté de consacrer plus de budget à l’éducation et la recherche, la formation des acteurs, l’ajustement de la vision, la définition d’un modèle pédagogique inspiré des bonnes pratiques à l’étranger, la promotion des activités d’éveil, la volonté d’alléger les programmes, la volonté de mieux mesurer la performance notamment par un système d’information adapté et dynamique, l’ambition d’avoir une nouvelle génération, ouvert entreprenante, innovante, instruite et qui n’oublie pas les valeurs de solidarité notamment à travers le volontariat et dotée d’esprit critique.
Ces points forts sont pour certains d’entre eux contrebalancés par des points faibles, voire des contradictions qu’on peut relever au fil de la lecture du rapport. Ainsi, comment peut-on aller vers l’allègement alors qu’on introduit le soutien scolaire dans le cadre de la scolarité obligatoire pour les plus faibles et qu’on souhaite généraliser le préscolaire. Cette dernière généralisation ne reflète-t-elle pas une optique que l’on retrouve malheureusement assez souvent dans le rapport, qui penche vers le traitement des problèmes par des solutions quantitatives et non qualitatives ? Bien qu’il soit intéressant de promouvoir la formation des acteurs pédagogiques, la réalité ne montre-t-elle pas que malgré des millions d’heures de formation, les resultats sont peu probants ? Comment peut-on parler d’équité et de droit constitutionnel au niveau de l’enseignement alors même que certaines recommendations pronent l’introduction de frais de scolarité, d’assurance, de cantine, de transport… ? N’est-ce pas signe d’empressement ou de fuite en avant que de promouvoir le tout technologique alors même que les pays les plus avancés tempèrent cette immersion dans le technologique et essaient de recentrer le rapport humain dans les enseignements préscolaires et primaires ? N’est-ce pas une contradiction que de vouloir une génération plus savante alors même qu’on lui diminuera le temps disponible pour les sciences en lui imposant une quatrième langue, sans lien avec la science, qui est l’amazigh et ce dès le primaire ? De nombreuses questions restent donc en suspend après la lecture de ce rapport et mériteraient une révision de la part d’experts.
Au final, force est de constater que document est très bien fait. Le seul bémol est qu’il faudra lui changer de titre et changer 2015-2030 par 2015-2020, vu que le diagnostic est fortement ancré sur les problématiques passées et latentes. Quasiment à aucun moment un paragraphe n’est consacré à la société de 2030, à quoi elle ressemblera, quelles seront ses spécificités, ses exigences. Cette société sera à coup sur centrée autour de beaucoup de nouveautés, de paradigmes différents et de défis inconnus jusqu’alors. Simple regard rétrospectif: La société actuelle est-elle la société de l’an 2000? Avions-nous l’internet démocratisé, la profusion du savoir, les réseaux sociaux, les smartphones, la robotisation de la finance et de nombreux secteurs, le e-learning…
Ce manque d’anticipation et de vision prospective semble être une erreur centrale qui se reproduit dans cette vision 2015-2030, qui est une vision 2015-2015…et encore. Le fondement même et la perspicacité de l’étude en sont dès lors remis en cause, à partir du moment où l’on veut une école adaptée pour les générations à venir, et non les générations passées, adaptée aux défis de 2030 et non ceux de 2015. Notre école de 2030 sera alors au mieux adaptée aux besoins de… 2015 !
RDV est pris pour 2030 donc pour un nouveau programme d’urgence (et j’espère de tout mon cœur avoir tort) qui se basera sur les échecs de la vision 2015-2030 et le retard que le secteur de l’éducation aura “encore” accumulé au Maroc…
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