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L’islam ne se lit pas, il se vit (1/3) – Eric Younous

3/01/2015

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« Médine, la mosquée du Prophète, un jeudi, 8 h00.

Les piliers de la mosquée du Prophète sont enveloppés par la pénombre de la nuit agonisante, chacun exprimant plus que jamais la force de porter la structure imposante du deuxième lieu saint de l’islam.

Le marbre blanc devient le miroir de nos rêves de piété, et chaque regard croisé semble exprimer l’espoir secret de se rapprocher de notre Seigneur. Des centaines de milliers de musulmans venus du monde entier peuplent les tapis rouges de cet endroit que nous aimons tous si fort et si tendrement.

Et au milieu de cet immense océan de frères et sœurs dans la foi se trouvent plusieurs milliers d’étudiants religieusement assis. Tous sans exception ont les cous tendus vers le même point comme s’ils ne formaient qu’un seul corps, qu’une seule conscience.

Ils sont attentifs comme si leurs âmes pouvaient s’échapper si jamais une seule minute d’inattention les dominait. Les yeux illuminés par les merveilles du savoir, et les coeurs apaisés par la compréhension de cette nouvelle étape de la connaissance qu’ils vivent, ils sont tels le père qui voit naître son premier enfant, ou plutôt, tel ce nouveau-né qui découvre le monde : émerveillé.

Cela fait plus de 2 h 30 que le noble cheikh “Muhammad ibn Muhammad al Mokhtar al chanqity” nous fait voyager vers notre Seigneur à  travers des paroles de sagesse éclatante.

Il ne nous explique pas simplement le “fiqh” ou le “oussoul”, bien plus que ça, il nous explique l’islam, le sens profond de nos existences et la voie à emprunter pour se rapprocher de l’exemple de la plus noble créature que cette terre n’ait jamais porté :

Le dernier des Prophètes et le meilleur d’entre eux, Muhammad ibn Abdillah.

Et comment le connaitre si ce n’est à travers ses propres paroles, et par la grâce d’Allah, par l’étude du recueil de hadiths écrit par l’imam Malik ibn Anas, “Al mowatta”.

Chaque phrase résonne dans tout mon être et me révèle plus encore à moi même. La lucidité sur celui que je suis se fait de plus en plus claire, je ne suis qu’une créature faible remplie de péchés et le seul bonheur digne d’en porter le nom est de vivre l’islam en faisant fondre nos buts et notre ressenti dans l’unicité d’Allah. Émerveillé par les sagesses de cheikh, mes yeux ne se détachent pas une seule seconde de sa bouche afin que chaque souffle imbibé de l’odeur de la piété me parvienne, afin que chaque trésor de spiritualité m’enlace, me berce, et m’éduque. Mon ouïe est toute consacrée à ses paroles et sa voix finit par m’être aussi familière que celle de ma propre âme.

Plongé dans cet univers où n’existent ni le temps ni le souci de sa propre personne, et pendant que mon for intérieur change peu à peu, le décor lui aussi se met à changer.

Les lumières s’apaisent, et la pénombre envahit progressivement la mosquée sacrée. Puis la coupole amovible qui est positionnée juste au dessus de Cheikh se déplace lentement et laisse entrer un fin rayon de lumière pure et intense qui atterrit directement sur lui. L’image qui s’offre à moi est tellement symbolique qu’elle en devient irréelle.

Des milliers d’étudiants assis, enveloppés par la pénombre de ce matin naissant, et face à eux, le savant illuminé par cette rivière de lumière qui ne cesse de s’étendre pour devenir fleuve et finir par inonder de sa clarté toute l’assemblée.

À ce moment précis, le temps n’existe plus, les passions, les colères, les tristesses et les peurs s’envolent comme se sont envolés mes doutes sur ce monde le jour de ma conversion à l’islam.

Un moment gravé dans mon âme, mon coeur et mes pensées.

Puis la leçon de vie que le noble “cheikh Al Mokhtar” a consenti à nous donner s’achève. Tel un nouveau-né arraché à sa mère, les étudiants se dispersent en comptant le nombre de jours qui les séparent de jeudi prochain pour s’assoir de nouveau devant notre cheikh, notre frère, et d’une certaine façon le père éducateur de nos intelligences et de nos cœurs… Chacun repart, plongé dans ses pensées à tenter de digérer les paroles reçues, alors même que les fleurs de la foi au doux parfum de la piété commencent déjà à fleurir dans les poitrines de ceux qui étaient présents de leurs corps et de leurs âmes.

J’ai rarement ressenti cela d’une façon aussi forte, ces instants où tout prend un sens et où la désobéissance devient une aberration. Ces moments où l’adorateur disparait dans la contemplation de l’absolue et la compréhension de la raison de notre création : n’adorer qu’Allah ,Lui Seul. Ne pas simplement le savoir, mais le ressentir. »

Allah dit : « Ô vous les hommes, vous êtes les indigents,les pauvres envers Allah. »

Et c’est bien ce que je suis, avec mes défauts et mes erreurs aussi nombreuses que le ciel contient d’étoiles. Comprends donc bien, mon frère, ma sœur, qu’à travers ce récit je ne cherche pas à mettre en valeur qui que ce soit, mais simplement à partager avec toi un des moments qui ont changé ma vie. Rien de plus.

Par ce partage, je veux que nous nous rappelions que l’éducation dans la science se fait par le contact réel avec des hommes réels qui existent, qui respirent et ressentent.

Une image animée sur daylimotion, un audio écouté sur son iPhone, un texte lu à la va-vite sur internet : tout cela n’est qu’une pâle copie de la relation que doit entretenir le savant avec ses élèves, l’imam avec les priants, et le conférencier avec ceux qui lui font l’honneur de s’asseoir face à lui.

Car l’éducation dans la connaissance n’est pas juste une question de débit internet ou de capacité à mémoriser…

(à suivre)

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